Comme pour des métiers de l’aide, la recherche de sens et de reconnaissance peut se retrouver chez le chauffeur-routier. Aujourd’hui, c’est la rencontre avec Maxime, fier de son métier utile de chauffeur-routier. Cet article a été rédigé pendant la crise sanitaire de 2020. Il y sera question du vécu vis-à-vis du travail.
Un routier seul, mais sympa
Pour commencer, il parle de son camion. C’est son lieu de vie depuis 30 ans. Un beau camion, est-ce le sens ( https://bdergonomie.com/actualites/bd-ergonomie-sens-du-travail-en-ehpad/ ) de son travail, ce qui lui permet la reconnaissance aux yeux d’autrui ?
Sens et reconnaissance du travail de routier : les peurs sur la route
Chez lui, chez ce routier vraiment sympa, il y a la peur des accidents avec des véhicules légers … Cette peur est beaucoup moins présente avec le Covid 19. Toutefois, elle laisse place à l’angoisse de la solitude sur la route. Il n’y aucun véhicule sur des dizaines de kilomètres, faisant dire de temps en temps « mais où je suis là ? ».
Cette pandémie change son rapport au travail avec un regain de fierté en lisant sur des panneaux ( https://bdergonomie.com/formation-les-modules-de-formation/ ). Dans la solitude des autoroutes, des messages de soutien sont une marque de reconnaissance. Sens et reconnaissance au travail du routier sont retrouvés. Et là, le métier redevient beau, utile. Il n’y a plus à des retards sur la route ; ces retards étant toujours le résultat d’aléas (accidents, intempéries, bouchons …) sur lesquels il n’a aucune maîtrise.
Solidarité de la route : construire du sens et de la reconnaissance du travail de routier
La situation s’est quelque peu améliorée par rapport au début de la pandémie. Aujourd’hui, des sanitaires ont été réouverts sur les aires d’autoroute. Il n’y a donc plus besoin de faire des kilomètres en plus pour chercher une douche ou des toilettes. Spontanément, quelques restaurants ont laissé l’accès aux leurs et proposent des plateaux repas à consommer seul dans le camion (« ça il faut absolument le dire ») … la famille des solitaires (solidaires) de la route !
Quand il n’y a pas de restaurants sur le trajet, ce sont des pique-niques préparés à la maison pour plusieurs jours. Avant, il dormait tranquillement sur les parkings des restaurants, mais la majorité étant fermée, aujourd’hui, il va dans les agences relais de son entreprise, où il tente de dormir malgré les arrivées et départs, jours et nuits, de ces collègues.
Création de nouvelles contraintes : perte de sens et de reconnaissance du travail de routier
Moins de circulation pourrait être synonyme de gain de temps mais la livraison a changé. Aujourd’hui Maxime n’aide plus ses clients à vider le camion. Il est confiné à l’intérieur de la cabine. Il doit attendre que les quelques manutentionnaires présents soient disponibles pour prendre en charge sa livraison. Cela retarde d’autant les retrouvailles avec sa famille.
Routier, métier de solitude ? Avant, pas vraiment, il y avait des rencontres dans les restaurants, dans les entreprises livrées. Maintenant, les contacts et les échanges sont rares lui faisant craindre de « devenir ours ! ». Là, se pose la question du sens et de la reconnaissance au travail : le routier ne doit-il être un lignard ou alors accompagner la marchandise « sans encombre et sans colis abîmé » jusqu’au point de livraison ?
Benoît Dahéron
Ergonome et Formateur
Spécialiste en prévention des risques professionnels et organisation du travail
TMS – RPS – QVCT – Usages
Vieillissement et transmission des savoir-faire