Les bons gestes et les bonnes postures au travail sont souvent associés à l’ergonomie. Pour faire de l’ergonomie, il suffirait de faire adopter les bons gestes et bonnes postures au travail. C’est plus compliqué que cela !

 

Bons gestes et bonnes postures au travail

Et s’il n’y en avait pas ?

Très souvent, lorsque j’arrive en entreprise et que je me présente comme ergonome, je vois des personnes changer d’attitude. Au bureau, le dos devient droit. Dans l’atelier, les genoux se plient (se reporter au témoignage des poseurs de pavés : https://bdergonomie.com/temoignages-nos-retours-d-experience/ ) … Mais, au bout de 20 minutes, les gestes et postures reprennent leur vitalité ( https://bdergonomie.com/conseil-en-ergonomie-optimisez-la-sante-au-service-du-travail/ ). Le dos se fléchit peut-être pour mieux voir sur l’écran. Les genoux ne se plient plus parce que c’est sans doute moins pénible de se pencher d’autant plus si l’exercice est répétitif.

Lors des formations que j’anime ( https://bdergonomie.com/formation-les-modules-de-formation/ )  et que le raccourci « ergonomie = bons gestes et bonnes postures » est fait, j’invite les apprenants à avoir le dos droit, les articulations à 90°. Je poursuis en informant que cette position doit donc être maintenue pendant toute la durée de la formation. Très rapidement, cela devient impossible. Il n’est plus possible de prendre des notes, regarder la projection …

 

Je profite de cet article pour faire référence à ma rencontre avec Adrien, ergonome constatant que le port du masque vient contraindre la posture de travail. Cet article a été rédigé pendant la crise sanitaire de 2020. Il y sera question du vécu vis-à-vis du travail.

 

Les masques font-ils mal au dos ?

Disons-le clairement, il ne s’agit pas de débattre sur le poids maximum supportable d’un masque de protection. Il ne s’agit pas non plus de débattre sur l’utilité ou non d’en porter. D’autres expertises s’en saisissent. Pour nous, il s’agit de parler du travail.

 

Un changement de production … pour faire presque la même chose

En y introduisant quelques différences

Dans cette entreprise, il y a un réel savoir-faire pour travailler le cuir. Il n’y a plus de commandes avec le Covid 19. Il y a une volonté à tous les échelons de participer à l’effort face à la pandémie.

Tous les ingrédients sont là, pour lancer la production de masques de protection dans un environnement et des conditions de travail presque identiques… Presque ! Toutefois, après 15 jours de production, il y a des plaintes de douleurs au cou et au dos.

 

La fin des bons gestes et des bonnes postures au travail ?

Le bon geste, la bonne posture ne sont-ils pas ceux qui viennent ensuite ?

Dans cet atelier de maroquinerie, le travail du cuir impliquait des postures en étant debout et assis. Il y avait des déplacements entre les postes et des échanges entre collègues. Bien entendu, les gestes se devaient d’être précis mais ils étaient variés construits avec le développement de la gamme de produits. C’était une fourmilière toujours en mouvement et en échange.

Pour la production de masques, le travail se fait assis avec l’interdiction de se déplacer. En effet, dans le contexte de la pandémie, le collègue représente un risque potentiel de contamination or avant il était un soutien. Chaque personne se retrouve donc seule face à sa difficulté.

Les opérations se font par des gestes courts et répétitifs en espace contraint. Et il y a une nouveauté avec le port de masque. Ce dernier réduit très légèrement le champ de vision vers le bas, impliquant de « casser le cou » pour voir la tâche.

 

Pas les bons gestes et les bonnes postures au travail …

Ou partir à la recherche d’autres causes

Tenez-vous droit, bougez, faites des étirements (d’une faible amplitude) pour ne pas entrer dans « l’espace vital de votre collègues ». Ces conseils risquent d’interrompre la production et de culpabiliser les opérateurs. D’autres déterminants sont à l’étude au niveau du matériel (sa légère inclinaison), de l’organisation (…). Il ne faut pas oublier non plus la matière première jusqu’alors inconnue pour l’entreprise. Peut-être bien que cette matière première prescrit elle-même le travail, des gestes et des postures.

 

Cet article est issu de la rubrique : « Cas concrets »

#ParolesDeTerrain #TémoignagesErgonomie #CasConcrets

 

Benoît Dahéron

Ergonome et Formateur

Spécialiste en prévention des risques professionnels et organisation du travail

TMS – RPS – QVCT – Usages

Vieillissement et transmission des savoir-faire

 

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