Rencontrer des travailleurs au hasard d’une visite permet d’appréhender des aspects du travail … rencontre avec JC, la passion partagée sur des générations. Cette rencontre est aussi source de réflexion sur les liens à créer entre ergonomie et agriculture.
Au départ, il était prévu de passer une petite heure au sein le GAEC pour découvrir sa production laitière et sa salle de traite rotative. L’après-midi n’a pas été assez longue pour tout appréhender. Chaque pas, chaque animal, chaque geste ont été une source d’information et de partage de passion.
Organisation sociale du troupeau : un déterminant pour le lien entre agriculture et ergonomie
Cette visite pourrait être comparée à une observation de pré-diagnostic pour appréhender comment se fait et se passe le travail. Il y a une multitude de situations comme la toux d’un veau, un vêlage. Et, il ne faudrait pas oublier …
- La répétition des raclages des matelas qui sert à sécuriser l’hygiène de la traite. La maîtrise de la température de la stabulation doit faire coïncider bien-être animal et production laitière. Le biberonnage des veaux, activité sympathique, peut être chronophage.
- L’humidité des récoltes implique une surveillance pour réduire les risques d’incendie. Il y aussi les injections et examens santé à faire, les relevés dans le tank de lait, la traite, le second passage d’une vache à la traite à identifier pour la faire sortir.
- En parallèle, l’organisation sociale des vaches en fonction de leur maternité est un aspect potentiel d’analyse avec l’analyse spatiale mais aussi en termes d’organisation du travail. En effet, les jeunes vaches avec un veau sont d’un côté. Elles ne sont pas mélangées avec celles en ayant eu plusieurs sinon, elles se mettent à avoir des pathologies comme « les anciennes telles que des boiteries ».
- De même d’autres tâches sont à faire sur un pied d’égalité comme le traitement du courrier, la comptabilité, les échanges avec les associés. Le choix d’investissement dans du matériel peut impliquer un besoin d’augmenter la production laitière et donc la charge de travail et ainsi créer d’autres exigences, sources d’injonctions contradictoires ( https://bdergonomie.com/formation-les-modules-de-formation/ ).
Tous ces aspects et bien d’autres encore pourraient être sources d’analyse en fonction des effets santé, performance, qualité identifiés.
Ergonomie et agriculture
Cette rencontre est alors l’occasion de replonger dans un travail réalisé collectivement en première année de master d’ergonomie avec Emilie, Maxime et Philippe.
Nous avions alors abordé les questions de pénibilités. Celles-ci sont souvent liées aux aléas, à la diversité et aux variabilités mais n’entrent pas dans les critères légaux. Ainsi, outre le caractère physique du travail, la pénibilité est souvent psychosociale avec les évolutions normatives et le contexte réel du travail.
L’ergonomie de l’activité cherche à comprendre. Bien entendu, il y a l’observation du travailleur en action. Dans le jargon, on parle des observables. Ceux-ci peuvent concerner les déplacements, les positions prises par le corps, la direction des regards, les échanges et communications …
Outre l’observation, il importe de ne pas interpréter mais bien d’analyser pour co-construire des solutions ajustées. Ainsi, chaque élément récolté est mis en discussion pour chercher à comprendre les causes amenant le travailleur à faire tel ou tel choix. L’objectif est d’en analyser les impacts en termes de santé, performance, qualité et fiabilité.
Ainsi, dans l’agriculture, l’ergonomie ( https://bdergonomie.com/conseil-en-ergonomie-optimisez-la-sante-au-service-du-travail/ ) doit s’intéresser au contexte sociologique de l’exploitation en prenant en compte la famille et les entraides si l’exploitation est également un lieu de vie.
Cet article est issu de la rubrique : « Cas concrets »
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Benoît Dahéron
Ergonome et Formateur
Spécialiste en prévention des risques professionnels et organisation du travail
TMS – RPS – QVCT – Usages
Vieillissement et transmission des savoir-faire
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