Ponctuellement, des articles rédigés pendant la crise sanitaire de 2020 seront partagés. Il y sera question du vécu vis-à-vis du travail … Aujourd’hui, c’est la rencontre avec Valérie, aide-soignante retrouvant le sens de son travail
Ce n’est pas la nostalgie sur le travail « d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » mais de la période de la Covid ! Qu’est-ce qu’elle nous raconte, Valérie, ancienne aide-soignante, aujourd’hui Assistante de Soins en Gérontologie, en EHPAD ?
Peut-être un tantinet provocatrice notre Valérie ? Pas vraiment ! Elle parle du travail, du sens au travail, de la reprise en main du travail.
Avant le covid, un ras-le-bol …
Aide-soignante de formation et attachée au travail auprès des personnes âgées, Valérie en a eu marre de ne plus pouvoir prendre soin. Elle ne pouvait plus s’attacher au bien-être des personnes âgées malgré elle. Elle devait choisir entre prendre soin et faire vite ; une belle injonction contradictoire. Celle-ci est un substrat aux risques psychosociaux et aux troubles musculosquelettiques.
Il peut y avoir tout le matériel à disposition comme des lève-personnes – sur rails. Il peut y avoir des formations gestes et postures. Mais, faire abstraction du travail réel est un réel facteur de risque.
Ainsi, Valérie s’est formée pour devenir Assistante de Soins en Gérontologie en PASA (Pôle d’Activités de Soins Adaptés). Elle officie dans cette de l’EHPAD depuis de nombreuses années.
Pour Valérie, le maintien de l’autonomie doit être un enjeu pour tout les résidents et pas seulement pour les personnes ayant des troubles cognitifs. Ainsi, le soin est un accompagnement et non une prise en charge. Prendre soin, ce n’est pas mettre une ceinture de contention pour éviter les chutes mais accompagner à la marche.
Il n’est pas question de dire ce qu’il est bien de faire sans regarder le travail réel et tous les aléas. Il s’agit juste de mettre en débat le travail.
Le changement du travail par le covid
La pandémie vient mettre en difficulté les EHPAD. Le PASA de Valérie, lieu de vie en commun, est fermé pour faire face aux éventuelles contaminations. Elle bascule, côté EHPAD et en profite pour partager ses pratiques de bien-être (musicothérapie, snoezelen …). Il y a plus de temps ou alors les priorités du travail sont différentes, alors même que les familles régulant parfois les dysfonctionnements de l’établissement ou les surcharges de travail sont absentes.
Par cette « nostalgie de la Covid », Valérie nous parle de ses collègues et du collectif de travail. Un collectif de travail, c’est autre chose qu’une équipe. Une équipe est juste une donnée d’entrée. Le collectif, c’est l’entraide qui se fait sans forcément la sollicitée. Un collègue de travail a besoin d’un coup de main, elle redevient aide-soignante le temps nécessaire. Elle est triste, quelqu’un la remplace. C’est difficile avec un résident, une autre personne fait.
La vitalité du collectif de travail, soutenu depuis de nombreuses années par la hiérarchie, a permis de passer la crise mais avec la mise en exergue d’une recherche accrue du sens du travail. Cette recherche de sens alimente la santé au travail.
Et demain, après le covid ?
Cette parenthèse pandémique a été l’occasion de débattre – en donnant à voir ses spécificités professionnelles – du travail. Il était alors possible, malgré les croyances et les habitudes, de contourner le fatalisme du travail pour faire différemment, pour soigner le bien-être des personnes.
Cette période a été fatigante mais sans arrêt de travail et stimulante pour aller au-delà et faire un sens nouveau au travail.
Benoît DAHÉRON,