Le vieillissement au travail est souvent évoqué sous l’angle des contraintes avec une baisse de performance, des inaptitudes ou des départs massifs. Pourtant, l’analyse ergonomique de l’activité montre une réalité bien plus nuancée. L’expérience accumulée au fil des années représente un capital précieux mais encore faut-il savoir le reconnaître, l’exploiter et le transmettre.

Dans un contexte où certaines organisations voient arriver simultanément des vagues de départs à la retraite et une carence démographique (moins de jeunes sur le marché de l’emploi), notamment sur des métiers en tension, repenser cette question devient essentiel.

 

Vieillir au travail : comprendre ce qui change réellement

Le vieillissement ne se résume pas à une diminution des capacités. Ce qui change, ce sont les modalités d’action. Les salarié(es) expérimenté(es) disposent d’un savoir stratégique. En effet, de par les savoir-faire professionnels, ils anticipent mieux les aléas et peuvent interpréter plus finement les signaux faibles. Au cours d’interventions, j’ai pu identifier que des expérimentés ne coulaient pas sur une ligne d’assemblage en agro-alimentaire à l’inverse des novices. Dans une menuiserie, ils portaient 3 fois de charges moins que les apprentis. Dans le moulage contact, des anciennes n’avaient pas de douleurs à l’inverse de jeunes. Un point commun s’est créé à chaque fois via le développement de gestes et habiletés professionnelles, le déploiement de stratégies opératoires de compensation permettant de réduire les pénibilités.

Ces compétences (savoir-y-faire / savoir-quoi-y-faire) issues de l’expérience, bien que rarement formalisées, sont déterminantes pour la continuité de l’activité, en particulier dans les métiers où la relève peine à être assurée.

 

Le paradoxe actuel : des départs massifs face à des métiers fragiles

Beaucoup d’organisations expriment aujourd’hui cette inquiétude : « J’ai un grand nombre de départs en retraite dans les deux prochaines années sur des métiers en tension. »

À cela s’ajoute la difficulté à recruter, à intégrer durablement, ou à transférer les savoir-faire. Le risque n’est pas seulement RH. Il y a le risque de perte de compétences critiques et de baisse de performance. Une tension sur la qualité de service ou de production peut advenir, sans compter la fatigue accrue des équipes restantes.

Pour éviter ces ruptures, il est nécessaire d’aller voir ce qui constitue réellement la valeur du travail et d’en comprendre les ressorts.https://bdergonomie.com/actualites/bdergonomie-vieillissement-au-travail-et-ergonomie/

 

L’ergonomie de l’activité : un outil pour transformer l’expérience en ressource

L’analyse clinique de l’activité ( https://bdergonomie.com/conseil-en-ergonomie-optimisez-la-sante-au-service-du-travail/ ) permet de mettre en lumière le travail réel — celui qui se joue au-delà des procédures et des fiches de poste. Ces méthodologies mettent en lumière les arbitrages invisibles réalisés au quotidien ainsi que les stratégies spécifiques développées par les expérimenté(es). On y découvre souvent des gestes professionnels clés, parfois ignorés de l’organisation permettant les ajustements nécessaires pour rendre le travail faisable.

Ce travail d’analyse constitue un support structurant pour imaginer des binômes d’expérience et des relais de compétences, des parcours adaptés ainsi que des espaces de transmission intergénérationnelle.

 

Vers une culture de la transmission

Pour transformer le vieillissement au travail en levier, les organisations doivent développer une véritable culture de la transmission pour :

  • Rendre visible et partager les savoir-faire ;
  • Reconnaître les rôles d’expert(es) ;
  • Installer des dispositifs soutenant la coopération entre générations ;
  • Créer les conditions d’une transmission vivante, non descendante.

Ce changement de culture permet de concilier santé, performance, qualité et continuité opérationnelle.

 

Et donc …

Le vieillissement au travail n’est donc plus un problème à “gérer”, mais une opportunité à saisir. En combinant la stratégie RH à une analyse ergonomique précise, il devient possible de préserver les compétences, soutenir les collectifs et sécuriser l’activité sur le long terme.https://capemergence.fr/accompagnement-au-developpement-des-competences/

 

Cet article est issu de la rubrique : « Ergonomie en action »

#ErgonomieEnAction #MétiersEtErgonomie #TerrainEtTravail

 

Benoît Dahéron

Ergonome et Formateur

Spécialiste en prévention des risques professionnels et organisation du travail

TMS – RPS – QVCT – Usages

Vieillissement et transmission des savoir-faire

 

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