La recherche de sens au travail en crèche devient plus prégnante lors de la crise sanitaire du Covid 19. Cette prise de recul – avec le confinement – met en exergue les injonctions contradictoires qui peuvent être vécues de façon plus en plus pénible.
Aujourd’hui, c’est la rencontre avec Katy, animatrice petite-enfance réfléchissant à son avenir professionnel. Cet article a été rédigé pendant la crise sanitaire de 2020. Il y sera question du vécu vis-à-vis du travail.
Joies et contradictions du travail en crèche
Les enfants sont merveilleux. Ils se battent, font des colères, hurlent, se griffent, s’arrachent les jeux ou les cheveux, se font les dents sur les bras potelés des petits copains.
Une question sur le sens du travail
Que fait Katy ? Là, en ce moment précis, elle profite du silence du confinement. La crèche où elle travaille est fermée. Elle profite du silence et de ce temps pour s’interroger sur son avenir professionnel.
Autrefois, les enfants étaient sages … A priori, Katy n’a pas tout à fait la même analyse. Le comportement des enfants est peut-être le baromètre de l’organisation de travail, du ressenti de leurs parents.
Les prémices d’injonctions contradictoires
Commençons par les parents. Être animatrice dans une crèche, c’est bien plus que d’apprendre l’autonomie ou la propreté à l’enfant, respecter son cycle de repos ou son équilibre alimentaire. Il faut sécuriser les parents. Un parent angoissé à l’idée de confier son enfant risque de provoquer chez lui des pleurs, des cris mais aussi de l’agressivité. Ainsi, Katy est très attentive à cette relation et peut même apporter des conseils. Cette confiance qui se construit, a des effets sur l’enfant et le groupe.
S’ensuit l’organisation du travail. Il y a 3 groupes de 15 à 20 bambins. Dans ces groupes, les cris de quelques-uns dégradent l’ambiance vers quelque chose de plus en plus bruyant ( https://bdergonomie.com/actualites/ ). C’est alors de plus en plus stressant et agressif pour les enfants et les encadrants. Peut-être qu’avant l’objectif affiché d’accompagner à l’autonomie, le travail réel est d’aller vers plus de calme. L’autonomie, le faire faire ou le faire avec peuvent être remplacés par des actes accomplis par les encadrants, l’apprentissage est pour plus tard.
Ce n’est pas bien, ce n’est pas ce qui est attendu ? C’est juste une question de choix entre viser l’autonomie ou éviter les coups entre enfants. Le choix ne sera jamais le bon, malheureusement … mais il n’y a pas vraiment de choix à part peut-être la sécurité des enfants ( https://bdergonomie.com/formation-les-modules-de-formation/ ).
Echanger pour réorganiser le travail quand on a toujours fait comme cela ?
Katy aimerait bien échanger avec ses collègues sur des animations ponctuelles qui amènent de la sérénité aux enfants. Ces « balades en jeu » sont des temps où les groupes se forment non plus en fonction des âges mais des activités. Les enfants apprennent, sont plus calmes et peuvent même être attentifs aux plus jeunes. Mais le débat est difficile à installer parce qu’il remet en cause une organisation du travail en place depuis longtemps avec une autre répartition des tâches, des aménagements des locaux ( https://bdergonomie.com/conseil-en-ergonomie-optimisez-la-sante-au-service-du-travail/ ) …
Katy aimerait bien échanger avec ses collègues, être reconnue dans son statut de professionnelle pouvant amener d’autres façons de faire. Comme ce n’est pas très possible, elle profite du confinement pour rechercher une structure où elle serait plutôt au service de l’autonomie que préventrice des coups.
Benoît Dahéron
Ergonome et Formateur
Spécialiste en prévention des risques professionnels et organisation du travail
TMS – RPS – QVCT – Usages
Vieillissement et transmission des savoir-faire